« Une honte » : Au Pakistan, des leaders musulmans dénoncent la violence subie par l’infirmière accusée de blasphème
« Cela a été une honte que de voir des femmes musulmanes qui frappent une chrétienne et utilisent un langage offensant vis-à-vis d’elle. »
Tabitha Nazir Gill est une infirmière chrétienne accusée de blasphème par ses collègues d’un hôpital de Karachi, au Pakistan, le 28 janvier dernier. Elle y a été ligotée, battue et enfermée, puis enfin « sauvée » par la police qui est arrivée sur place. Les forces de l’ordre ont reconnu que les plaintes portées contre elle étaient « sans fondement », avant de finalement enregistrer une plainte contre elle sous la pression d’une « foule de mollahs et d’extrémistes ».
Protesters in the Pakistani city of Karachi are demanding the arrest of Tabeeta Gill, a Christian nurse & Gospel singer, who on January 29 was slapped & beaten by clubs by her colleagues after they falsely accused her of committing blasphemy. #BlasphemyLaws #TabeetaGill pic.twitter.com/uwezSuY051
— Christian Persecution in Pakistan (@Pakanaveem) February 2, 2021
La vidéo de son agression a circulé sur les réseaux sociaux et suscité l’indignation. Ce sont désormais des responsables religieux musulmans qui se lèvent pour dénoncer cette violence, à l’instar de Hafiz Tahir Mehmood Ashrafi, assistant spécial du Premier Ministre pour l’Harmonie religieuse, qui a déclaré, dans des propos repris par l’Agence Fides :
« Il ne doit être permis à personne de se faire justice par soi-même, pas plus que d’abuser des lois sur le blasphème. Toutes les organisations religieuses et les responsables ont condamné les tortures infligées à l’infirmière chrétienne à l’hôpital. Le gouvernement du Pakistan ne tolérera pas ces abus. »
Le responsable islamique Allama Shehryar Raza Abidi condamne également cette attaque :
« Cela a été une honte que de voir des femmes musulmanes qui frappent une chrétienne et utilisent un langage offensant vis-à-vis d’elle. Cette violence démontre leur extrémisme et leur fondamentalisme, qui ne sont pas des enseignements de l’islam, et communique un message et une image erronée de l’islam. Ce fondamentalisme n’a rien à voir avec l’islam, qui ne diffuse pas la violence. »
Selon lui, “ »les actions violentes n’offre pas le véritable message de l’islam et endommagent également nos générations futures ». Il tient à rappeler que « l’islam nous enseigne à être du coté des opprimés, à nous opposer à la violence, à protéger les faibles : en tant que disciple de Mahomet nous devons être miséricordieux ».
« J’exhorte tous mes frères musulmans à être des messagers de miséricorde et à aimer témoigner l’islam authentique. »
Hafiz Tahir Mehmood Ashrafi, Président du Conseil des oulémas du Pakistan, se dit indigné. Il promet une enquête attentive sur la situation afin de vérifier tout abus.
M.C.